Personne ne sort d'ici Vivant sur Netflix : cauchemar soporifique (critique)

Le dernier film d'horreur de la plateforme ne manque pas d'esthétique et d'une touche épouvante originale. Mais la montée en puissance de l'angoisse est vraiment trop molle.

Avec un titre pareil, on ne s’attendait pas à une franche rigolade. Mais on espérait quand même avoir quelques frissons. Au moins des émotions fortes pour nous garder aux aguets. Sauf que Personne ne sort d’ici Vivant – qui vient d’arriver sur Netflix – a bien du mal à faire tressaillir quoi que ce soit. Même si ce film original signé Santiago Menghini jouit d’une esthétique soignée qui sauve les meubles, personne ne sortira d’ici flippé…

En revanche, on a le droit d’apprécier l’envoûtante ambiance mortifère parfaitement entretenue du début à la fin. Un climat sombre et enveloppant, à l’image de cette maison de l’horreur au look tellement alarmant. Ce vieux manoir gigantesque grince de partout, ne respire pas la luminosité, ni la paix intérieure, et accueille des femmes en errance. Seulement des femmes. Souvent sans-papiers. Elles peuvent y louer des chambres à pas cher, à un propriétaire franchement louche, affublé d’un frangin qui l’est encore plus ! En lisant la petite annonce, la bonne idée, c’est donc d’aller vivre ailleurs, partout mais pas ici ! Sauf que Ambar n’a pas le choix. Après la mort de sa mère, cette jeune immigrée sud-américaine a franchi la frontière, espérant une vie meilleure du côté de Cleveland. Exploitée dans une usine, elle n’a pas d’argent et pas de titre de séjour. Elle va alors se retrouver prisonnière de ce cauchemar maison…


Santiago Menghini, qui adapte le livre du même nom d’Adam Nevil, avoue bien volontiers s’être inspiré de la série The Haunting of Hill House pour créer l’esthétique de son film. On l’aurait deviné. Avec ces fantômes au second plan, ces spectres tapis dans l’ombre d’une séquence à l’autre, et cette atmosphère de terreur permanente qui émane de la maison hantée, Personne ne sort d’ici Vivant reprend vraiment les codes de Mike Flanagan. Avec une certaine réussite, il faut le dire : l’image est belle, l’ambiance est travaillée, la tension est aiguisée.

Le feeling est bon, mais cette histoire d’horreur ne semble ne jamais vouloir décoller. La montée en puissance est incroyablement lente, fastidieuse. L’actrice mexicaine Cristina Rodlo (croisée dans Too Old to Die Young) fait parfaitement le job, vivant au grand jour le cauchemar très réel de ces femmes immigrées sans papiers essayant de survivre dans l’Amérique actuelle. Mais la métaphore est un peu lourde (le vrai cauchemar n’est-il pas dans cette réalité sans pitié ?) Et tandis que le film dure seulement 1h20, on y trouve d’énormes longueurs. Jusqu’au dernier acte, très efficace, mais un peu alambiqué, où Personne ne sort d’ici Vivant bascule soudain dans une terreur surnaturelle brutale, sanguinolente, presque cartoonesque. Un dénouement qui en effrayera quelques-uns, les autres sortiront d’ici en souriant.