Oubliez les cheveux bleus, dans 007 Spectre, Léa Seydoux incarne une femme fatale en robe lamée, nouvel amour de l’agent double zéro sept, à l’agenda plus que trouble. On a eu la chance d'intercepter Léa pour lui parler de Craig, de Cruise et… de Bond.
Cette interview a été publiée dans le hors série Première spécial 007 Spectre, en 2015 (Cliquer ici pour s’abonner). Nous la republions à l’occasion de la rediffusion du film de Sam Mendes, sur France 2, ce dimanche, et avant de la retrouver à l’affiche de Mourir peut attendre, toujours aux côtés de Daniel Craig.
Oubliez les cheveux bleus, dans 007 Spectre, Léa Seydoux incarne une femme fatale en robe lamée, nouvel amour de l’agent double zéro sept, à l’agenda plus que trouble. On a eu la chance d’intercepter Léa pour lui parler de Craig, de Cruise et… de Bond.
Première : Vous vous souvenez de votre premier Bond ?
Léa Seydoux : Hmmm… Enfant je n’allais pas voir ça. Moi, c’était les Disney et les films de princesses. Bond était là, bien sûr, mais à distance. Ça ne me passionnait pas. Je serais bien incapable de vous dire le premier film de la série que j’ai vu… Forcément un Brosnan. Mais ceux qui m’ont marqué, ceux que j’ai aimés vraiment – parce qu’avant, c’était juste une idée – c’est ceux de Daniel (Craig NDLR). Casino Royale ! Ça, oui, je m’en souviens. L’excitation, l’attente, l’accueil… tout à coup, ça devenait des bons films – au-delà de la franchise. Ça redevenait excitant pour ma génération.
Vous aviez une dizaine d’année au moment de GoldenEye. Brosnan ne vous a jamais fait rêver ?
Je le trouvais… OK. Charmant. Mais ça ne m’intéressait pas trop. Pas encore. C’est avec Casino Royale que j’ai compris que c’était énorme. Vu de l’extérieur, c’était du grand spectacle, le sommet du divertissement cinéma, le glamour, l’action… la démesure.
Et de l’intérieur ?
C’est comme tout : l’expérience est complètement différente du fantasme. Ça ne veut pas dire que c’est anodin. J’avais conscience de faire partie d’un truc mythologique, mais je m’en suis approprié une petite part. Aujourd’hui, Bond m’appartient un peu. Et ça, j’ai encore du mal à le réaliser.
Quoi ?
Ben, j’ai l’impression de rentrer dans la grande histoire du cinéma. Si vous faites les comptes, il n’y a que deux franchises de ce niveau : Star Wars et James Bond. Jouer là-dedans, c’est intégrer l’histoire. Tu sais que c’est plus fort que toi… D’ailleurs, aux castings, j’étais persuadée que je n’aurais jamais le rôle. Toutes ces filles ! Du monde entier ! Pour un rôle auquel je ne collais pas forcément…
Sam Mendes : « Vous verrez que Spectre est sacrément fun »
Et ça s’est passé comment ?
Les premières lectures face à Daniel, on aurait dit une gamine… je n’en menais pas large, j’avais peur d’être ridicule, de pas savoir me tenir. En réalité, c’est juste un acteur qui fait son métier. On a joué et… voilà. Mais, c’est vrai qu’il y a un truc au début. L’effet Bond. L’effet James Bond.
Le personnage vous intéresse ?
Mouais… Bon ça reste James Bond. Un type un peu machiste, l’archétype de l’homme impénétrable. Mais Daniel l’a fait évoluer. Il l’a rendu plus sensible, plus fragile. C’est pour ça que j’aime autant Casino Royale : la relation avec Vesper, leur histoire d’amour, c’est beau. La machine devient chevalier. On a envie qu’il la sauve. Tout à coup, au milieu du film, il se met à l’aimer ; il est troublé, tombe le masque… Je crois que nous, les femmes, on a besoin d’avoir accès à sa féminité.
J’ai lu quelque part que Sam Mendes vous avait choisie après avoir vu le Kechiche ? Pas très bondien ça…
(Rire.) Le personnage de Madeleine est une lesbienne, c’est pour ça ! Non, sérieusement, je sais que Sam a vu le film de Kechiche et qu’il l’a aimé. Mais jusqu’à quel point ça a joué pour le casting, ça… Les deux personnages n’ont pas grand-chose à voir, c’est certain.
Vous deviez vous inspirer des précédentes Bond Girl ?
Non. D’abord, je n’ai pas vu assez de Bond. Et puis je n’avais pas envie de me rajouter ce genre de considérations sur les épaules. Ma Bond Girl préférée reste Eva Green. Elle est géniale. Il y a un truc complexe dans son personnage. Elle est mystérieuse et fragile. Elle a un côté femme-enfant que je trouve très, très, sexy. Mais ce n’est pas seulement un fantasme sexuel. Sinon… sinon j’adore Sophie Marceau dans, c’était quoi déjà ? Le Monde ne suffit pas. Vous savez le moment où elle lui dit de ne pas la tuer, parce qu’elle va lui manquer, mais il la tue quand même… Ça c’était bien. Sinon, on est forcé d’admettre que les Bond Girl pendant longtemps n’avaient pas grand-chose à jouer. Mais ça commence à changer ça aussi…
Pas dans Skyfall…
Non, c’est vrai. Ceci dit ce n’était pas le sujet.
La James Bond Girl préférée de Léa Seydoux ? « Eva Green. Je l'ai adorée et je l'adore encore ! »
Olga Kurylenko dans Quantum of Solace était pas mal.
Oui, mais je n’aime pas du tout le film. C’est très étonnant d’ailleurs, de voir un film aussi mauvais intercalé entre Casino Royale et Skyfall, qui sont tellement bons. Très étrange ça… Mais c’est vrai, Olga Kurylenko réussissait à éviter les clichés : la femme séduisante, la femme fatale. Moi, ça ne me dérange pas de jouer ça, même si je ne savais pas si je serais capable de le faire. Madeleine est une vraie femme, sure d’elle, à la féminité affirmée. Evidente. Pas le genre de rôle auxquels je suis habitué.
Du coup, si vous ne l’avez pas joué comme une Bond girl, comment avez-vous approché le rôle ?
Je me suis dit que j’étais dans un film de Sam Mendes. C’est pas American Beauty, mais j’ai joué sous sa direction. Sur le plateau, beaucoup de gens venaient du théâtre ; c’est un auteur et il est entouré de collaborateurs qui ont le même background – son chef op par exemple. Rien à voir avec les trucs de studios, même si les enjeux financiers étaient très forts. Sam Sur le plateau, il me demandait d’appuyer tout, mes mouvements, mes silences, mes regards. Il fallait que chaque geste ait un « impact ». C’est ce qu’il disait, il fallait que ce soit « impactant ».
C’était différent de ce que vous avez vécu sur Mission Impossible 4 ?
Rien à voir. Et c’est lié à la personnalité de Tom Cruise. Il écrit son propre personnage, il produit le film et au fond, il est omniprésent… James Bond, enfin le Bond de Daniel, est beaucoup plus riche.
On parle souvent de la malédiction de la Bond Girl. Vous y croyez ?
C’est quoi ?
Un rôle dans un Bond et puis l’actrice disparaît des radars.
Ah ahah. Vous savez quoi ? Je ne suis pas superstitieuse.
Bande-annonce de 007 Spectre de Sam Mendes avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Christoph Waltz…