Hunger Games fête ses 10 ans : les raisons du succès

Le 21 mars 2012, les Français découvraient Jennifer Lawrence en Katniss Everdeen au cinéma.

Hunger Games fête son dixième anniversaire aujourd’hui. A cette occasion, Première fouille dans ses archives pour retracer sa fabrication, et revenir aussi sur son succès fou, à l’heure où un préquel sur le futur président Snow, le personnage joué par Donald Sutherland dans les films, est en cours de création.



Hunger Games : le tournage du préquel devrait commencer l’année prochaine

Le week-end de sa sortie au cinéma, le premier volet d’Hunger Games s’est offert la première place du top des meilleurs week-ends de tous les temps, pour un film qui n’est pas une suite. Avec 155 millions de dollars récoltés en trois jours rien qu’aux Etats-Unis, le film de Gary Ross arrivait juste après les 158 millions de The Dark Knight et les 169 de Harry Potter et les Reliques de la Mort – partie 2. Si l’on ajoute les recettes à l’internationale, on montait même à 214 millions. Quelques mois plus tard, il finissait sa course à quasiment 700 millions de recettes. Les raisons d’un tel succès sont multiples.

Une adaptation de best sellers
Hunger Games ne sort pas de nulle part : le film adapte le premier volume de la trilogie éponyme de romans signée Suzanne Collins. Depuis la parution du premier tome en septembre 2008, les romans ont été traduits en 26 langues et publiés dans 38 pays différents. Le premier roman est toujours numéro un des ventes dans la catégorie « romans jeunesse » des best-sellers du New York Times, quatre ans plus tard, au moment de la sortie du premier film. Autant dire que celui-ci pouvait déjà bénéficier d’une fanbase assez conséquente, et ne partait pas de zéro. Lorsque l’annonce d’une adaptation ciné a été faite, les ventes ont largement augmenté, passant de 9,6 à 24 millions de livres écoulés en quelques mois, rien qu’aux Etats-Unis.

Un sujet fort
Dans une Amérique du futur post-apocalyptique, le gouvernement fasciste central domine les différents « districts » en les obligeant chaque année à livrer un jeune homme et une jeune fille afin de combattre dans les « jeux de la faim », des combats à mort retransmis à la télé par la classe dirigeante. En faisant aussi bien référence au mythe de Thésée (le tribut annuel des jeunes filles données en pâture au Minotaure) qu’à des oeuvres de science-fiction plus geek (Running Man, Battle Royale), tout en prenant comme héros de jeunes adultes au coeur d’un triangle amoureux, Hunger Games réussit le délicat équilibre permettant de plaire à tout le monde. Le carton mondial est ainsi dû à des spectateurs divers : plus de la moitié du public américain du premier week-end avait plus de 25 ans, et un bon tiers était masculin. De quoi démentir ceux qui décrivent Hunger Games comme un « film pour jeunes filles » ! Autre idée maligne de la part de son distributeur, Lionsgate : sortir Hunger Games en période creuse en terme de blockbusters. A la fin du mois de mars, les gros films de studio n’ont pas encore envahi les salles obscures, même si « l’été des blockbusters » avait déjà tendance à démarrer plus tôt il y a dix ans, des super-films de Marvel ayant par exemple cartonné en avril/mai. A commencer par Avengers, sorti le 20 avril 2012, qui a gagné plus d’1 milliard de dollars au box-office. Sorties un mois avant lui, les aventures de Katniss avaient eu le temps d’écouler un maximum de tickets.


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Un casting de nouvelles têtes… ou presque !
Il fallait aussi que le public ait des héros auxquels s’identifier. « Le film n’aurait jamais pu se faire sans Jennifer Lawrence« , déclarait ainsi le réalisateur Gary Ross dans la presse. Si la révélation du polar Winter’s Bone en 2010 avait depuis joué dans X-Men : Le Commencement, elle y avait un rôle un peu en retrait. L’actrice a fêté ses 21 ans sur le plateau, soit l’âge de son camarade Liam Hemsworth, jusqu’ici estampillé « frère de Chris « Thor » Hemsworth ». Enfin, Josh Hutcherson avait 20 ans lors du tournage : sans que son nom soit connu du grand public, il est toutefois le plus expérimenté au moment du tournage, puisqu’on l’a vu au générique de productions enfantines comme Le Secret de TérabithiaZathura ou encore Voyage au centre de la terre. Le casting a donc mis en avant de jeunes acteurs, comme Twilight l’a fait en son temps.

De plus, la distribution des seconds rôles est elle aussi bien pensée. La production a misé sur des acteurs confirmés (Stanley Tucci, Woody Harrelson, qui a d’abord refusé avant d’être convaincu d’incarner le mentor de l’héroïne…), une star de la chanson (Lenny Kravitz) et des comédiens plus jeunes mais déjà bien ancrés à Hollywood (Elizabeth Banks, Wes Bentley…).


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Une production maîtrisée
La production de Hunger Games s’est déroulée -tournage compris- du printemps 2011 à la fin août 2011. Pas de dépassement de budget, pas problème de post-production, la présence de Steven Soderbergh (connu pour sa rapidité de tournage) en réalisateur de seconde équipe… Prévu pour coûter 75 millions, le film aurait finalement demandé 78 millions de dollars au studio, soit un dépassement de 3 millions, ce qui reste assez raisonnable. Enfin, le film n’est pas converti en 3D : la production économise ainsi des frais supplémentaires pour une technique dont les résultats commerciaux commencent à devenir de plus en plus aléatoires. Mais qui reste encore pour certains gros studios une des stratégies de pognon facile.

Une promo efficace
Intelligemment, tous les teasers et bandes-annonces s’arrêtent au moment crucial : les fameux « jeux de la faim » du titre -c’est-à-dire la baston en mode « survival ». Mais surtout, quand la censure britannique demande à la production de retirer numériquement des traces de sang dans le film, elle s’exécute immédiatement afin de pouvoir garder une classification suffisamment douce en Angleterre pour que le maximum d’adolescents puissent voir le film. 

Des suites dans la continuité
Fort de ses 694 millions de dollars de recettes, Hunger Games a rapidement eu le droit à trois suites, le troisième tome des livres étant coupé en deux pour le cinéma, comme le dernier Harry Potter. Le plus gros carton, aussi bien en terme de public que de critiques est le numéro 2, L’Embrasement, qui a gagné 865 millions de billets verts en 2013.

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