La série avec Chiwetel Ejiofor et Naomie Harris s'envisage autant comme un reboot qu'une suite du film avec David Bowie.
L’Homme qui venait d’ailleurs est-il soluble dans le divertissement grand public ? Après le livre original de Walter Tevis et le film psychédélique et pessimiste de Nicolas Roeg (avec David Bowie, en 1976), Alex Kurtzman et Jenny Lumet tentent de remettre au goût du jour The Man Who Fell to Earth en série. Un reboot/suite au changement de ton assez drastique, qui commence comme une keynote Apple : l’extraterrestre incarné par Chiwetel Ejiofor se livre face à une salle comble, avide de connaître les secrets de cet « homme » visiblement établi, à la tête d’une entreprise technologique sans précédent. Comment en est-on arrivé là ? A partir de ce flashforward intrigant, The Man Who Fell to Earth revient aux origines du personnage, dont le vaisseau s’est écrasé au beau milieu du Nouveau-Mexique. On comprend vite que sa planète est au bord de la destruction et que sa mission consiste à mettre au point la technologie qui sauvera son espèce.
Durant les deux premiers épisodes que nous avons pu voir à Séries Mania avant leur diffusion sur la chaîne américaine Showtime, Chiwetel Ejiofor tente donc devenir le plus humain possible, apprenant à communiquer et découvrant nos coutumes. « Never go full retard », conseillait Robert Downey Jr à Ben Stiller dans Tonnerre sous les Tropiques. Sage idée : à la frontière du grotesque – mais jamais tout à fait dedans – Ejiofor parvient à tenir la ligne burlesque du personnage (il boit de l’eau de façon déraisonnable parce qu’il a « quatre estomacs » et hurle sur les gens pour obtenir ce qu’il veut) sans en faire un imbécile heureux. C’est à la fois très rigolo et vite usant, mais celui qui se fait appeler Faraday passe à un registre plus dramatique quand il rencontre Justin Falls (Naomie Harris), dont le nom lui a été soufflé par quelqu’un de sa planète. Une femme qui cumule les problèmes financiers et personnels, et qui a dû mettre un terme à une carrière très prometteuse dans la recherche de nouvelles énergies. Avec son aide, Faraday espère pouvoir assurer la survie des siens.
Alex Kurtzman, également derrière la caméra, mise sur une réalisation sensorielle (Faraday a du mal à supporter les stimuli visuels et auditifs de notre monde) plutôt efficace, et adapte sans trop les tordre les idées centrales du long-métrage, notamment à travers la thématique de l’immigration. Et si la mise en place est assez laborieuse (la série fait en deux épisodes ce qu’elle aurait pu raconter en un), The Man Who Fell to Earth semble vouloir prendre le temps de poser les bases de ses personnages avant d’aller plus loin. Un parti pris qui pourrait s’avérer payant sur le reste de la saison, d’autant que la série devient dès le début de l’épisode 2 une vraie suite de L’Homme qui venait d’ailleurs, en faisant revenir Thomas Jerome Newton (l’extraterrestre joué par Bowie à l’époque) sous les traits de Bill Nighy. Tout l’enjeu sera désormais de se hisser à la hauteur de son aîné.
The Man Who Fell to Earth, 10 x 55 minutes. Les deux premiers épisodes ont été projetés à Séries Mania.