L'actrice raconte son tournage avec Steven Spielberg, sa rencontre avec Xavier Dolan et le conseil que lui a donné Romy Schneider.
L’une des plus grandes actrices françaises était hier à Séries Mania, pour une rencontre animée par le journaliste, critique et auteur Jean-Pierre Lavoignat. Près d’une heure trente de discussion autour de la carrière cinématographique et sérielle de Nathalie Baye, qui s’est notamment illustrée sur le petit écran dans L’Enfant des lumières de Daniel Vigne, Les Hommes de l’ombre de Frédéric Tellier, Nox de Mabrouk El Mechri ou encore dans Dix pour cent, avec Cédric Klapisch derrière la caméra. Retour sur cet événement en trois extraits.
Elle a passé les essais d’Arrête-moi si tu peux avec Brian De Palma
Dans Arrête-moi si tu peux, elle incarne la mère du personnage de Leonardo DiCaprio. Mais même pour une actrice du calibre de Nathalie Baye, il a fallu en passer par un casting pour jouer dans le film de Steven Spielberg. Sauf que les choses ne sont pas tout à fait déroulées comme on l’imagine : « Mon agent m’apprend que Steven Spielberg veut me proposer un rôle. Moi, je ne connaissais pas Spielberg, enfin juste de nom. Il fallait que je passe des essais, et lui était à Los Angeles », confie Nathalie Baye. Impossible pour elle de se rendre aux Etats-Unis. « Donc c’est Brian De Palma qui m’a fait passer les essais dans son appartement parisien. La cassette a été envoyé à Spielberg et j’ai été prise. J’étais très heureuse. » Et dès le premier jour de tournage, en sortant d’essais costumes, elle le bouscule sans le vouloir et lui renverse son café dessus. « Il a été adorable, et d’un coup je n’ai plus eu le trac. Comme beaucoup de grands, il est d’une immense simplicité. Alors que pour un tournage de Spielberg c’est comme une ville entière qui est mobilisée (…) Je suis persuadée qu’il avait envie d’une actrice qui avait joué avec Truffaut », assure celle qui a commencé sa carrière dans La Nuit américaine.
Elle n’aurait jamais pensé faire du cinéma
Au départ, Nathalie Baye n’avait aucune d’ambition cinématographique. « J’étais dans la danse, puis le théâtre, je n’avais jamais pensé que j’allais faire du cinéma (…) Pour moi, c’était pour des bombes, des bimbos », se souvient-elle. Mais après sa rencontre avec Truffaut dans son bureau, tout change. Le réalisateur lui refuse d’abord un rôle, mais voit quelque chose en elle. Le lendemain, elle est prise pour jouer Joëlle, la scripte dévouée. Sur le tournage de La Nuit américaine, elle tombe « amoureuse du cinéma. » « La chose la plus difficile dans ce métier », poursuit Nathalie Baye, « c’est qu’il n’y a pas de règles. On peut être très bonne dans un film qui ne marche pas, et puis on vous oublie (…) Pour faire ce métier, il faut savoir passer par des hauts et des bas, quand le téléphone ne sonne pas (…) C’est un travail attractif mais qui peut être très dur. Il faut être solide. Très professionnelle. Je me souviendrai tout le temps de Romy Schneider me disant : ‘Toi, tu es une vraie. Protège-toi’. Ça m’est longtemps resté. »
Xavier Dolan lui a couru après pour Laurence Anyways
Xavier Dolan rêvait de diriger Nathalie Baye, et le réalisateur encore montant de J’ai tué ma mère et des Amours imaginaires est parvenu à la contacter. Un rendez-vous a été calé à Montréal, alors que Baye était de passage. Le scénario de Laurence Anyways sous le bras, il réussit à la convaincre : « J’ai vu arriver un jeune homme avec son beau visage. Il m’a donné un scénario que j’ai trouvé excellent. J’ai dit sans hésitation que j’étais partante. J’ai envie ou je n’ai pas envie. Et si je me trompe, c’est pas grave. » Ils tourneront également ensemble Juste la fin du monde, dont Nathalie Baye se rappelle à la fois son maquillage et sa coiffure « très limite », et évidemment d’avoir partagé l’affiche avec le regretté Gaspard Ulliel : « C’était un acteur et un partenaire merveilleux (…) Il jouait vraiment avec vous, il était humble, dans l’écoute. C’est une telle injustice, c’est affreux. »