La nouvelle création de David Simon met une claque, sans chercher à révolutionner le genre.
C’est l’un des grands maîtres du petit écran américain qui a lancé la compétition officielle de Séries Mania 2022. Deux ans après sa dystopie historique, Le Complot contre l’Amérique, David Simon revient à ses premières amours et au drama criminel. We Own this City nous ramène dans les rues de Baltimore, comme une suite de The Wire qui ne dit pas son nom.
A la différence près qu’il s’agit là d’une histoire vraie. Nous sommes en 2017 et la ville du Maryland sort tout juste d’une drame révoltant : quelques mois plus tôt, le jeune Freddie Gray, âgé de 25 ans, a été tué lors d’une interpellation brutale, entraînant de violentes émeutes dans toute la ville. Une tension permanente entre les forces de l’ordre et les habitants sclérose désormais cette métropole à la précarité élevée. Un contexte électrique qui n’existait pas encore de cette manière à l’époque de The Wire et auquel Simon s’attaque ici de manière frontale, avec son compère Georges Pelecanos, prenant pour cible la police locale et ses brutalités, ses magouilles, un système qui dysfonctionne complètement.
A l’aune du meurtre de George Floyd – qui surviendra trois ans plus tard, à quelques milliers de kilomètres de là (dans le Minnesota) – We Own this City prend une ampleur toute autre. Sans avoir peur de taper là où ça fait mal, la série met le doigt sur la poudrière en décrivant minutieusement les coulisses de ce système de corruption et de racket organisé par une unité d’élite de Baltimore. En faisant des allers-retours dans le temps, Simon et Pellecanos décrivent comment tout a dégénéré, avec une rage évidente.
14 ans après The Wire, « j'ai envie de croire à la rédemption de Marlo »
Jon Bernthal, encore une fois phénoménal, infuse toute sa folie animale à ce scandale politique et social à peine croyable. L’ancien Punisher est complètement habité en flic sans limite, qui n’a plus aucune conscience de rien. Un rôle à sa mesure, pour une série criminelle tortueuse, au demeurant un brin classique sur la forme, qui ne prend guère de risque au fond. Sans révolutionner son art, David Simon fait ce qu’il sait faire. Mais il le fait tellement bien.
We Own This City sortira en France sur OCS dès le 26 avril prochain.
