Séries Mania 2022 : Station Eleven réinvente le genre post-apocalyptique [critique]

L’adaptation du roman best-seller redonne envie de croire en l’humain en célébrant le collectif face à l’adversité. Très fort.

Vous en avez votre claque des séries post-apocalyptiques ? Marre de suivre des survivants d’une guerre atomique/invasion de zombies/pandémie mystérieuse ? Faites quand même une exception pour Station Eleven, ça vaut le détour. Sur un scénario a priori très balisé (une grippe ultra virulente tue 99 % des personnes infectées), la série parvient à surprendre constamment en créant des liens scénaristiques et de pure mise en scène entre passé (notre présent) et futur. L’histoire commence à Chicago au début de l’épidémie : alors que la civilisation s’écroule à vitesse grand V, le sort met dans les pattes de Jeevan (Himesh Patel) une jeune gamine, Kristen, qu’il va devoir protéger comme il le peut. Dans un montage alterné, on suivra leurs débuts dans ce nouveau monde et le destin d’une Kristen devenue adulte (incarnée par Mackenzie Davis), désormais membre d’une troupe de théâtre qui parcourt les États-Unis pour redonner un peu d’espoir aux survivants. 

Construite sur des allers-retours temporels et des épisodes entiers qui se focalisent également sur d’autres vies brisées, cette adaptation du roman d’Emily St. John Mandel parvient à être à la fois une implacable machine à suspense et un grand drame humain. La mort et le deuil sont au coeur du récit (on pense à Lost ou The Leftovers), mais la série cultive son optimisme avec un discours sur le pouvoir cathartique du collectif face à l’adversité. La plus belle idée de Station Eleven étant d’envisager que la culture et l’art – le théâtre en particulier – sont notre planche de salut, et que la survie pure ne sera jamais assez. Si tout ça vous rappelle ce que l’humanité a vécu depuis deux ans, ce n’est peut-être pas un hasard.

Station Eleven n’a pas encore de diffuseur français. Les deux premiers épisodes (sur dix) ont été projetés à Séries Mania.