Monstres et cie : Le film d'animation « cauchemarrant » de Pixar a 20 ans [critique]

En 2002, Pete Docter obtenait « un succès monstre » grâce à son oeuvre « à la fois originale et universelle ».

Méfiez-vous des portes de placards, on ne sait jamais quel monstre s’y cache. A Monstropolis, Sulli est une terreur d’élite. Chaque semaine, il figure en haut du tableau pour ses performances. Sa mission: récolter un maximum de cris d’enfants pour fournir la ville en énergie. Il est secondé dans sa tâche par Bob Razowski, petit monstre à œil unique. Un jour, c’est l’accident: une petite fille parvient à s’infiltrer dans leur univers. Panique chez les monstres: toucher un enfant peut s’avérer mortel. Une course contre la montre s’engage pour renvoyer la petite chez les humains.

Sorti suite à Toy Story 2 en 2001 aux Etats-Unis, et le 20 mars 2002 en France, Monstres et Cie a tout juste 20 ans. Pour souhaiter un « joyeux anniversaire » à Sulli, Bob, Bouh, Célia, Germaine, à l’Adorable Homme des Neiges et à tous les monstres qui peuplent ce riche univers, nous republions ci-dessous la critique publiée par Christian Jauberty dans Première à l’époque, ainsi que quelques anecdotes sur sa fabrication. 
 


Monsters at Work : Monstres et Cie version métro, boulot, dodo (critique)

Monstres et cie est l’un des meilleurs exemples des films d’animation « high concepts » dont Pixar a le secret. Le studio convoitait d’ailleurs ce projet de longue date : il est né des réunions de travail de John Lasseter, Pete Docter, Andrew Stanton et Joe Ranft pendant la production du premier Toy Story, dès 1994. « Buddy movie » jouant sur le renversement de la peur du « monstre dans le placard », Monstres et Cie est l’un des Pixar les plus emblématiques de l’esprit du studio, comme l’expliquait Première dans son top des meilleurs Pixar : « Film high concept (que se passe-t-il derrière la porte du placard ?), satire sociale (même chez les monstres, on n’échappe pas à l’éthique du travail Weberienne), mélo terrassant (l’amitié entre une petite fille et ses peurs)… Monstres et compagnie est un peu tout cela, mais c’est d’abord une comédie suprême (Bob Razowski ou le personnage le plus drôle de la galaxie Pixar) et un film d’équilibriste. Par la grâce d’une porte qui s’ouvre, on a envie de rire, comme chez Lubitsch, et envie de pleurer, comme chez Chaplin. »

Nommé à l’Oscar du meilleur film d’animation (il fut battu par le premier Shrek), Monstres et Cie permit de découvrir la patte de Pete Docter, aux manettes ensuite de Là-Haut (2009), de Vice-Versa (2015) et de Soul (2020). Le cinéaste étant depuis peu devenu le patron de la branche création de Pixar, il n’a cependant plus de projet en tant que réalisateur.

 

Monstres et cie

Pixar

La critique de Monstres et cie dans Première :

Cauchemarrant. Si vous êtes un peu pressés, il devrait vous suffire de savoir que Monstres & Cie est le nouveau film de l’équipe qui était responsable des deux Toy Story et de 1 001 Pattes. Cette fois, John Lasseter a laissé la réalisation à Pete Docter, se contentant d’un crédit de producteur exécutif. Mais on retrouve la même recherche d’excellence dans ce que permettent aujourd’hui les techniques de pointe en matière d’animation par ordinateur, le même soin apporté au développement de personnages attachants et rigolos, et le même souci de mettre le tout au service d’une bonne histoire, à la fois originale et universelle. Ou presque.

Parce qu’il est dans la nature du critique de couper les cheveux en quatre et parce que tous les films ne naissent pas égaux, celui-ci doit être mesuré à l’aune de ceux qui l’ont précédé en révolutionnant au passage le monde de l’animation. Sur le plan technique, les progrès accomplis sont spectaculaires, qu’il s’agisse des effets de boule-de-neige dans la fourrure de Sulli, du rendu du personnage humain ou de la scène du tri des portes qui rappelle celle du tri des bagages dans Toy Story 2. S’il faut émettre des réserves, c’est plutôt du côté de l’histoire, qui s’essouffle un peu au milieu avant de repartir de plus belle pour la poursuite finale; des personnages secondaires moins réussis que dans les films précédents; ou des clins d’œil au public des adultes, moins tranchants. À ces réserves près, Monstres & Cie met en œuvre davantage de créativité et offre plus de plaisir au spectateur que 95 % des films que vous pourrez voir cette année et devrait légitimement obtenir un succès… monstre.